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Vendre ou conserver ses crédits carbone : un enjeu prioritaire pour l’industrie laitière

L’un des grands avantages de l’agriculture est sa possibilité de séquestrer le carbone dans les sols. Cela fait en sorte que d’autres industries polluantes, dans le but d’améliorer leur propre bilan carbone, regardent de plus en plus vers les crédits carbone potentiels du secteur agricole. Or, la ferme laitière est bien positionnée pour devenir un puits de carbone, mais aussi une source d’intérêt pour des procédés de méthanisation à partir des fumiers.  

« La méthanisation est quelque chose de positif pour l’environnement, affirme Etienne Dupont, conseiller en agriculture durable chez Agropur. C’est un procédé avantageux surtout pour des produits qui ne seraient pas valorisables autrement, comme des résidus agroalimentaires. » 

Les fumiers sont une importante source de méthane, ce qui explique pourquoi l’industrie laitière est ciblée dans les programmes visant la carboneutralité. D’ailleurs, le gouvernement du Québec a annoncé en avril 2023 un investissement de 3,6 $ millions pour aider les producteurs laitiers de la province à réduire de 14 à 16% les émissions de méthane par kilogramme de lait produit et atteindre la carboneutralité d’ici 2050.  

« Le fumier est aussi rempli d’éléments nutritifs et il peut servir aux producteurs sur leurs terres afin de réduire les achats d’engrais minéraux, améliorant ainsi leur bilan carbone », rappelle M. Dupont. 

 

L’importance de conserver les crédits dans l’industrie laitière 

De nombreux producteurs se font offrir des montants d’argent pour que leur fumier soit dirigé vers une usine de méthanisation. Selon la réglementation en vigueur au Québec, le crédit de carbone, une fois rendu au méthaniseur, appartiendrait désormais à l’opérateur de celui-ci.  

Cela peut tout de même être intéressant monétairement pour une entreprise agricole, mais la prudence est de mise. D’ailleurs, le président d’Agropur, Roger Massicotte, a abordé ce point lors de l’Assemblée d’été des animateurs du 30 mai dernier. « Il faut réfléchir à l’impact à moyen et long terme avant de signer une entente et se demander si ce sera nuisible pour sa ferme ou la filière laitière de perdre ces crédits. Nos efforts ne doivent pas être réalisés au bénéfice des autres industries, a-t-il affirmé pendant son allocution. Si les crédits sont vendus et les améliorations de bilan carbone sont transférées à d’autres industries, les résultats ne pourront plus être calculés dans l’industrie laitière. » 

En ce sens, Etienne Dupont estime que les réductions devront venir d’ailleurs pour atteindre les cibles, si la ferme perd ce levier. « Le potentiel d’amélioration pourra être moindre si on se concentre uniquement sur les méthodes de travail au champ, les méthodes de culture du sol, la nutrition animale ou l’efficacité énergétique de l’ensemble de la ferme », analyse-t-il. 

En premier, il faut mesurer son empreinte avec Fermes durables 

Les clients et les consommateurs veulent que l’impact des produits laitiers sur les émissions de GES diminue progressivement avec le temps et que les producteurs laitiers contribuent à la lutte aux changements climatiques. 

C’est ce qui a entre autres motivé Agropur à lancer Fermes durables, un projet pilote dont le volet environnemental regroupe 19 membres. L’objectif de ce projet est de déterminer d’abord l’empreinte de leur entreprise pour ensuite améliorer leur bilan. 

« L’incitatif pour les producteurs est la pérennité de la filière laitière, la capacité de l’industrie de rester compétitif dans le temps, mais surtout l’avenir de leur propre entreprise. On veut que les gens regardent ce que l’on fait chez Agropur et réalisent que c’est ce qu’ils encouragent quand ils achètent nos produits. Il faut le faire pour l’avenir », conclut Etienne Dupont. 

 

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