Bilan carbone : que faire avec ses améliorations une fois calculées?
Le développement durable demeurera certainement un élément incontournable de la production laitière au cours des prochaines années. La Coopérative reste engagée comme transformateur et fournit à ses membres les outils nécessaires pour avoir un impact tangible sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).
Dans la dernière édition de La Boîte au lait, nous avons discuté de ce qu’est un bilan carbone, et de comment sont calculés les améliorations avec l’exemple de la ferme fictive Dubon Lait. Celle-ci avait un bilan de base de 1000 tonnes. Après avoir apporté différentes améliorations sur une période de cinq ans, les émissions de la ferme avaient été réduites de 200 tonnes et 50 tonnes ont été séquestrées. Au terme du calcul de son bilan après ces efforts, on mesure donc une diminution de 250 tonnes au bilan carbone de la ferme.
L’intensité des émissions de la ferme diminuant, le lait qu’elle produit à une charge moindre en carbone. Ainsi, la chaine de valeur de tous les produits laitiers s’améliore et aide l’industrie laitière à atteindre la carboneutralité en 2050.
Les marchés du carbone
Il existe deux types de marchés du carbone : le marché volontaire et le marché réglementé. Le type de marché différera si les unités sont utilisées pour respecter des limites d’émissions volontaires ou pour se conformer à la réglementation.
Les réductions d’émissions à la ferme peuvent être reconnues à titre de « crédits carbone ». Selon la définition d’Environnement et Changements climatiques Canada, il s’agit d’une « unité négociable qui représente une tonne de réduction des émissions de GES ou d’absorption de GES de l’atmosphère ». S’il a été mesuré et reconnu, le crédit carbone peut constituer un actif que la ferme peut valoriser. La ferme Dubon Lait pourra décider de vendre les crédits carbone générés sur les marchés volontaires ou réglementés hors de la chaine de valeur du lait, ce qui est communément appelé du offsetting. Dans le marché réglementé, les crédits pourront être achetés par les émetteurs de l'industrie du transport, des entreprises manufacturières ou de l’industrie pétrolière, notamment, qui ont des limites imposées. etc.
« Il est important de savoir qu’accéder au marché réglementaire est un processus très structuré, explique Etienne Dupont, conseiller en agriculture durable chez Agropur. Il est nécessaire de prévoir le coup d’avance, puisqu’un plan de projet doit être complété avant le début d’une modification. » Dans ce scénario, le producteur doit avoir recours à une firme de vérification puis à une firme de courtage qui pourra permettre l’accès au marché réglementaire. Les frais de courtage peuvent aller jusqu’à 25% du montant de la vente.
Comme illustré dans cette image, cette transaction a un effet négatif sur le bilan carbone de la ferme car il n’est pas possible de comptabiliser le même crédit carbone dans deux chaînes de valeur. « Le bilan carbone de l’acheteur du crédit s’améliore, mais le bilan de la ferme revient à ce qu’il était à la base, illustre Etienne Dupont en comparant le tout à une logique comptable. Le crédit est utilisé par une autre industrie pour diminuer son bilan de carbone selon la même logique comptable, alors que celui de la filière laitière ne pourra pas s’améliorer. »
Ainsi, la ferme qui prend la décision de vendre ses crédits à un acheteur hors de la chaine de valeur du lait voit son bilan carbone revenir à la mesure précédente. Dans notre exemple, Dubon Lait verrait donc son bilan revenir à 1000 tonnes, et ce malgré les efforts consentis. Le lait produit par la ferme ne sera plus considéré comme étant d’une charge en carbone moindre. Cela rend plus difficile l’atteinte des objectifs de réduction en CO2 des producteurs laitiers, des transformateurs laitiers et de leurs clients.
Un autre scénario en attente
À l’échelle internationale, il existe une autre option, qui n’est que théorique pour la filière laitière au Canada, appelée insetting. La particularité de ce marché est que les améliorations certifiées de la ferme Dubon Lait resteraient dans la chaine de valeur laitière puisque l’acheteur est un acteur de l’industrie, que ce soit un acheteur ou un transformateur de produits laitiers (voir l’image ci-contre). Le transformateur peut ensuite offrir des produits qui ont une charge environnementale moindre à ses clients et partenaires, répondant aux exigences du marché. Toutefois, il n’existe pas encore de tel marché pour le lait au Canada et il n'est pas possible de déterminer quand cette option sera disponible.
Déterminer le bon moment
La ferme Dubon Lait a franchi une grande étape qui l’aidera à être plus efficace et à mieux s’adapter aux changements climatiques. Chaque ferme laitière peut désormais se poser cette question : quand décidera-t-on à s’engager à mesurer notre bilan environnemental?
« Une fois que la mesure initiale du bilan carbone est faite, chaque amélioration apportée permet de quantifier l’impact sur le bilan de votre entreprise, ajoute Etienne Dupont. Devenir une ferme durable est un processus d’amélioration continue, et il est impératif pour l’industrie laitière dans son ensemble que les résultats de ces efforts soient chiffrés. »
Si vous êtes membre et que vous voulez commencer une démarche de développement durable, vous pouvez dès maintenant remplir le formulaire disponible sur ce lien ou communiquer avec votre conseiller coopératif dont les coordonnées sont disponibles sur votre paie de lait d’Agropur, votre relevé de capital et sur l’Extranet des membres.
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